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La Planche Qui Grince
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5 octobre 2012

Fatherless murderers

Tentant de décrire la situation sociale dans le quartier de la Villeneuve à Grenoble (où habitent les assassins présumés de Sofiane et Kevin), un spécialiste (du genre sociologue... la pire espèce) -entendu hier matin sur France Info- a, pour expliquer le déchaînement de violence, mis en avant le très grand pourcentage de familles monoparentales (lire, sans père) présentent dans ce quartier. Puis, et c'est là que ça devient intéressant, il a poursuivi en affirmant que dès lors, pour les jeunes garçons/hommes, les seules figures masculines pouvant avoir valeur de modèle étaient -je cite- "le footballeur, le dealer, le hardeur de films pornos, et dans le meilleur des cas le rappeur". Et bizarrement, alors que je trempais mollement mon pain-beurre de cacahuètes dans mon chocolat chaud Super Poulain, cette phrase a eu pour effet d'éveiller d'un coup mon cerveau partiellement encore endormi. Certainement mon extrême sensibilité à toute forme de déterminisme à l'emporte-pièce, I guess. Car cette association foot-drogue-porno-rap (dans laquelle on compte beaucoup de noirs quand même!) menant semble t-il immanquablement au meurtre sauvage m'a tout de suite semblé quelque peu suspecte d'un point de vue rigueur intellectuelle et scientifique. Et en réponse, c'est cette même rigueur que j'entends ici mettre à l'oeuvre en essayant de décrire et de comprendre ce que les modèles de substitution sus-cités apportent véritablement à la jeunesse en terme de messages et d'outils pour trouver sa place dans la société. Et oui, il ne s'agit pas simplement de sous-entendre que ce sont de mauvais modèles!

Le footballeur. Sportif, le footballeur prend garde à s'alimenter de façon équilibrée: il a la santé. La vie dans les vestiaires lui offre par ailleurs une expérience de partage et d'humilité non-négligeable. Enfin, les voyages dans les villes et sur les terrains des équipes adverses lui apportent une mise en perspective de sa propre existence en lui donnant l'opportunité de voir qu'ailleurs les choses peuvent être différentes sans se révéler être nécessairement une menace. Il se retrouve alors capable de véhiculer un message d'engagement et de paix pouvant profiter à tous.

Le dealer. On ne le dira jamais assez, l'entrepreunariat, c'est le poumon de l'économie d'une société. La connaissance du terrain, la lecture juste des besoins locaux, la connaissance des produits. Le dealer,  c'est la réussite en bas de chez toi. Et à l'heure où la mondialisation a de plus en plus mauvaise presse et est désignée comme responsable d'un certain nombre de nos maux, savoir réinscrire son activité au coeur des "pays" est signe de clairvoyance et gage de pérennité. A ce titre, le dealer doit être vu comme un "dynamiseur" de territoires souvent abandonnés depuis bien trop longtemps par les pouvoirs publics.

Le hardeur de films pornos. Lui aussi s'entretient. Toujours rasé de près, son charme extrême lui permet de séduire les plus belles femmes quand bien même il n'exerce que des professions somme toute normales: plombier, nettoyeur de piscines, livreur de pizza... Un vrai message d'espoir pour les jeunes engagés dans des filières professionnelles pouvant sembler être des impasses. Alors que justement, c'est dans les impasses que le hardeur est le plus à l'aise: les coins sombres, humides, le hardeur en fait son affaire. Et puis, l'importance du physique reste relative: l'essentiel, c'est de savoir se mettre tout nu. Heaven is 20 centimeters away, c'est tout ce qu'il y a à retenir. Anybody can do it.

"Dans le meilleur des cas", le rappeur (ndlr: merci). Si je ne me trompe, le rappeur est un artiste. Il fait de la musique. Il part d'une idée, qu'il développe puis met en forme. Autrement dit, il implique sa personne dans un processus créatif original. Et idéalement, il finit par enregistrer sa création, lui donne un titre... Un sorte d'aboutissement personnel, quelque part. Par la suite, il rencontre puis se marie avec Beyonce, devient copropriétaire d'une équipe NBA et inaugure par une série de huit concerts en neufs jours une salle flambant-neuve à quelques blocks de son quartier d'enfance. Dans le meilleur des cas, donc, le rappeur (ex-dealer) peut s'appeller Jay-Z. Ou Kendrick Lamar. Mais c'est vrai que dans le pire des cas, il peut aussi s'appeler Gunplay (certainement le rappeur le plus débile du moment).

Alors, il est où le mauvais exemple dans tout ça? Comme je le pensais, ce spécialiste raconte n'importe quoi. Comme d'habitude.

Gunplay























Father figure
: Gunplay. Et oui, ce con a une croix gammée tatouée sur la nuque. Et ce con n'est même pas nazi. Ce con se veut juste être le rappeur le plus hardcore qui soit...

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