A tribute to Marcel Béliveau

27 juillet 2009

Je trouve qu'un certain charme se dégage de ceux qui s'autorisent à se laisser surprendre et qui n'hésitent pas à exprimer cette surprise en laissant apparaître une sensibilité me paraissant plus intéressante que le blindage que présentent ceux qui au contraire pensent devoir montrer qu'ils ont toujours tout prévu. Car la surprise provoque un questionnement, forcément. Le surgissement de l'inattendu redistribue les cartes. Les événements ne sont plus seulement des informations, mais peuvent bien être une amorce d'enseignement. Et puis, bon, il y a quand même plus moyen de discuter avec quelqu'un qui s'étonne qu'avec un autre qui a déjà tout vu. C'est juste plus marrant et plus vivant.
Et l'étonnement n'a pas besoin d'être naïf ou carrément gnan-gnan. Non, c'est plus de la bonne foi (ouais, je me bats contre la mauvaise foi et prends garde à ce que l'on ne m'accuse jamais d'en faire preuve alors que je cherche justement à être le plus clair et lucide vis à vis de moi-même). De la bonne foi et une marque de confiance en soi et en les autres. Car en effet, en acceptant de montrer qu'on est surpris on affiche une certaine vulnérabilité et on s'expose, juste nous et nos incertitudes, face à ceux qui eux savent et qui de fait possèdent un avantage de connaissance et donc quelque part un pouvoir supérieur au notre. Ou au moins un levier qu'on n'a pas.
Par contre je précise que le fait d'être surpris ne veut pas obligatoirement dire qu'on sera "choqué" pour un oui ou pour un non. Non, ceux qui sont choqués (ou au moins ceux qui aiment se dire choqués, il y en a pas mal, ça passe bien à la télé... en plus après on peut faire preuve de "dignité", et là c'est gagné) sont des gens qui ont avant tout plein de principes plus ou moins rigides qui leur servent de grille de lecture de la réalité et qui les aident à apprécier celle-ci. Et le "choc" viendra d'une discordance entre cette réalité et ce que leurs principes leur fait apparaître comme la norme (genre, moi le seul choc que je me souviens avoir ressenti c'est le 11 septembre 2001: oui, dans mon esprit il n'est pas "normal" d'envoyer des avions dans des tours). Donc rien à voir avec la surprise, car cette dernière n'engendre pas forcément de jugement de valeur. Elle est plus accueillie comme une précision et une stimulation que comme une perturbation.
Enfin, l'étonnement ouvre des portes dont on ignorait même l'existence. Alors à moins d'être 100% satisfait de ce qu'on a et de ce qu'on connaît déjà (...), on a tout intérêt à se laisser surprendre. Holy crap! What the hell is going on? Oh, ok, it feels good.

et pour compléter, mais pas forcément sur le même sujet:
Avis de Passage