Culture

Certaines radios, certaines chaînes ou émissions de télé et certains magazines sont considérés comme "culturels" (France-Inter, Les Inrock, Télérama...). Ils se proposent de présenter à leur public (qui lui même est supposé avoir conscience de sa qualité de public averti) des oeuvres remarquables mais parfois ignorées par le "grand" public (attention c'est pas le même!). Et les journalistes se chargeant de cela, de part leur position de porte-parole, voire même d'experts, possèdent naturellement un ascendant intellectuel sur les auditeurs et les lecteurs. En gros on a tendance à croire ce qu'ils disent puisque d'une part on leur donne la parole sur des média nationaux ou internationaux, et d'autre part ils présentent les choses de façon paraissant sérieuse (interviews, extraits...). Et puis on finit par penser qu'ils connaissent vraiment beaucoup de choses puisque tous les jours ou toutes les semaines ils nous abreuvent de nouveautés ou redécouvrent des classiques. Pourtant deux constatations m'emmènent à relativiser l'omniscience de ces spécialistes. Premièrement le nombre de références (livres, disques), le nombre de chanteurs, comédiens ou auteurs dont ils nous parlent me semble finalement assez restreint par rapport à la production existante. Je ne sais pas, mais par exemple lorsqu'on parle de littérature il y a des noms qui reviennent tout le temps. J'entends le nom de Céline ou de Jean-Paul Sartre au moins une fois par semaine. Je finis par avoir l'impression de connaître des trucs que je n'ai jamais lu tellement le nom est commun. En musique classique on joue les même 10 compositeurs morts depuis 2 siècles. Même chose avec des chanteurs. Je peux vous dire que je suis au point sur tous les nouveaux fers de lance de la "nouvelle chanson française authentique avec une sensibilité à fleur de peau". Et pourtant ce n'est pas ma tasse de thé. Bah ouais c'est facile, il sont 4 ou 5, se connaissent tous et bossent les uns avec les autres. Voilà donc, en se concentrant sur quelques artistes il est aisé de donner l'illusion qu'on est une grosse bête. La deuxième constatation que je fais concerne la justesse et la réalité des informations données. Pour cela je me place en tant qu'expert à mon tour, mais dans un domaine précis: le rap et (un peu moins) la soul. Et c'est cette position particulière qui me permet d'affirmer que les journalistes disent régulièrement n'importe quoi. Je ne compte plus les erreurs, les jugements hâtifs, les clichés et les raccourcis honteux que l'on trouve dans les publications et émissions culturelles , finalement généralistes, au sujet des rappeurs. C'est affolant. Ca me fait régulièrement pousser des gueulantes tout seul. Mais surtout ce qui est inquiétant c'est que si il y a des telles erreurs sur ces sujets là, que je peux corriger moi-même, il n'y aucune raison qu'il n'y en ait pas sur tout le reste. Et celles ci je ne peux pas les détecter puisque précisément le journaliste est là pour me donner l'info que j'ignore. Vous voyez le problème. Alors ne donnons pas trop de crédit à ces pseudo-érudits. L'an prochain ils présenteront peut être le tiercé ou le point-route. Et faites confiance aux vrais passionnés. Let The Truth Be Told.