Un cauchemar de journaliste

Certains d'entre vous le savent déjà très bien, alors que je pense qu'il n'y a rien à sauver dans les religions, et donc évidemment dans l'Islam, je suis en revanche dans le principe tout à fait opposé à l'interdiction du port de la burqa dans l'espace public (ou ailleurs). Et ceci pour la simple et bonne raison qu'on touche là à une question de liberté individuelle. En interdisant le port de la burqa, on se retrouve à condamner des individus, mais à aucun moment on ne se penche sur le fond de la question, qui est la religion. Donc 1/ interdire des trucs comme ça, ça fait chier un maximum, et 2/ c'est totalement inutile. La personne à qui on interdit la burqa, au lieu de se poser des questions sur sa position par rapport à l'Islam, elle va surtout sentir qu'on lui refuse le droit de s'habiller comme elle veut. Et si elle ne s'en rend pas compte (oui, parce qu'elle fait quand même un choix chelou en ayant une religion, donc je doute de sa capacité à avoir du recul), moi en tout cas c'est ce que je vois.

De plus, en s'attaquant de cette façon à une liberté individuelle, je ne peux que me mettre à la place de celles qu'on montre ainsi du doigt (notez bien que je n'ai pas dit "qu'on stigmatise", car de nos jours le rapport à la "stigmatisation" n'est qu'une question de sensibilité toute relative et spécifique à chacun sur laquelle on ne peut pas s'appuyer dans une réflexion politique) en me disant qu'il est très facile de s'imaginer -dans un contexte différent- un territoire et/ou un régime où là ce serait la méga barbe, les cheveux longs et la casquette qui seraient interdits (pour des prétextes plus vaseux les uns que les autres). Ou les mini-jupes. Ou les maillots de bain. Ou les dreadlocks. What do you want? L'Arabie Saoudite?! Car en matière d'interdictions, faisons confiance aux sociétés humaines, tout est envisageable à un point de l'Histoire ou un autre. Et ce n'est pas parce que c'est totalement débile que les Hommes n'en sont pas capables.

On ferait en revanche bien mieux de couper VRAIMENT tous les liens entre l'Etat et les organisations religieuses (zéro subvention, zéro local à disposition, zéro élu au dîner du CRIF...), et par exemple de diffuser sur une chaîne de télé du service public des émissions dans lesquelles on démonterait de A à Z la mécanique débilitante et liberticide des religions (au lieu de diffuser Le Jour Du Seigneur, au hasard!). Mais bien hein, sans relativiser les choses pour des motifs pseudo-culturels. Non, une démolition en règle, méthodique et intelligente.

Aaah, j'aime ma position sur la question. Elle rend impossible le rattachement de mon raisonnement au moindre courant de pensée. Si j'étais connu, Libération serait dans l'embarras. Et le peu de déontologie qu'il reste aux journalistes les obligerait à titrer François Cann, encore une fois il a raison ou à reprendre mon fameux slogan Si il le dit, c'est que c'est vrai. Pour le plus grand bien de leur profession intellectuellement sinistrée.

C'est décidé, après le tee-shirt, je me lance dans la burqa à message.