Tu vois, écrire, c'est... magique.

Tout va bien. Je dis que désormais mon but dans la vie c'est d'avoir plein de fric pour acheter des trucs hors de prix, et tout le monde se met à "liker" comme des malades sur Facebook. Alors qu'il y a quelques temps je disais que je me foutais complètement de l'argent, et les mêmes étaient déjà là à dire "oui, c'est vrai, t'as raison"! Ce qui tend à prouver (si si, c'est suffisant) que peu importe ce que l'on raconte, du moment que c'est bien écrit et qu'on arrive à faire croire qu'on déconne ou à faire penser aux gens que notre discours est le fruit d'une certaine sagesse et/ou maturité, c'est gagné. Et ça permet tout à fait de dire tout et son contraire.  

Et cette constatation a légèrement tendance à me donner une sensation de pouvoir que je ne crois pas avoir beaucoup connu jusque là. Oui, jusque là, je m'aimais et tout et tout, mais je ne me sentais pas forcément puissant. Et surtout, je ne voyais pas forcément de façon concrète comment ma supériorité avérée (tout autant que proclamée) pouvait se traduire par un avantage observable et source de satisfaction. Mais depuis peu, je ne sais pas, je vis avec le sentiment de posséder un truc dont, d'une part un certain nombre de gens est dépourvu (-pas d'allusions sexuelles-pas d'allusions sexuelles...-) et dont d'autre part je peux me servir pour influencer à mon avantage le cour des choses.

Tout ça parait peut-être un peu vague; et c'est normal car ça l'est aussi dans ma tête. Mais avouez qu'être en capacité d'articuler entre elles des idées paraissant servir une démonstration raisonnée alors qu'en réalité elles n'ont pas d'autre fonction que celle de me donner face aux autres une consistence intellectuelle et éthique, ça peut (et ça doit, sinon, à quoi bon!) se révéler être utile à un moment ou un autre dans la vie. Pour le reste, ma morale (la mienne, à moi) ne vaut de toute façon que ce que je lui accorde comme importance selon les circonstances. Je veux dire, at the end of the day, il n'y a bien que moi qui aurai à me soucier de la cohérence et du sens que j'aurai donné à mon existence.
Vive Gérard Longuet!