Routes enneigées: à qui la faute?*
Non content d'être déjà persuadé d'avoir raison, l'absence de contradicteurs apaisés (c'est à dire jugeant réellement ce que je raconte, et pas l'idée qu'ils s'en font, pervertie par divers autres facteurs... car ça je connais) va finir par me faire croire que ceux qui me lisent ou m'observent pensent également ainsi (que j'ai raison).
Mais à vrai dire la non-contestation de mes propos peut mener à différentes conclusions. Soit en effet, tout le monde est d'accord; et ça m'emmerde un peu parce que ça veut presque dire que ce que je dis est "évident". C'est donc limite la honte, ou du moins une sorte de camouflet. Soit mes analyses et positionnements sont tellement avant-gardistes que ceux à qui il est donné la chance d'en être témoin en restent coi. Abasourdis par tant de clairvoyance, et encore en train d'essayer de comprendre quel chemin m'a mené à ma réflexion d'hier lorsqu'ils commencent à lire celle d'aujourd'hui. Mais dans un cas comme dans l'autre, en fait c'est pas très drôle (ne croyez pas que je me réjouis complètement d'être entouré de personnes moins intelligentes que moi). Voyez vous, tout grand champion a besoin de challengers non seulement méritants mais possédant même une classe (ou au moins un potentiel) quasi égale à la sienne. Il peut même s'accorder quelques moments de relâchement maîtrisé pour d'une part ne pas décourager la concurrence, et d'autre part pour avoir l'opportunité de remettre les pendules à l'heure dans un mouvement précurseur et rénovateur (see Mohamed Ali vs George Foreman à Kinshasa en 1974... dans ce genre là).
Mais j'y pense, c'est peut-être finalement ce que je devrais faire. Écrire un post et faire des commentaires sur l'actualité pas complètement pourris, mais juste un peu faciles et d'un conformisme (le conformisme dans la critique, il n'y a rien de plus simple et de plus répandu) que l'internaut se disant "avisé" serait en mesure de détecter puis de m'en faire le reproche; avant que je ressaisisse la situation et fasse de ce moment une tribune à l'exposition de ma vigueur intellectuelle encore plus explicite en lisant à ma manière véritable les causes et effets ayant animé l'épisode écoulé et qu'ainsi je terminerais.
Bref, tout ça pour dire que j'aime bien voir que ce que je raconte interpelle quelqu'un d'autre que moi (oui, parce que je m'interpelle tout seul aussi...).
Float like a butterfly, sting like a bee.
* Bah à la neige mon con.