Guilty

Ces temps ci, tout le monde (sauf moi évidemment) semble s'accorder à dire que pour faire prendre conscience de quelque chose aux gens, il ne faut surtout pas les "culpabiliser". L'idée est super à la mode. "Ouh, attention à ce que tu dis là... tu es en train de dire que c'est de leur faute. C'est pas bien." Pff, le "responsable mais pas coupable", c'est un peu n'importe quoi. Par exemple en matière d'écologie; on n'est pas arrivés si on n'arrive pas à insuffler un peu de mauvaise conscience dans l'esprit de tous. J'entendais un mec dire ce matin à la radio "ouais, les écologistes, ils ne font que culpabiliser les gens, alors que tout se joue au niveau politique et que les gens, ils ne font que subir". Là on est carrément arrivé à considérer toute la population comme une victime! Je trouve toujours aussi incroyable de voir qu'il existe tant de personnes qui s'estiment n'être que des pions n'ayant aucun pouvoir sur rien et donc à qui il ne faut demander aucun compte.
Bien sûr, il ne s'agit pas de désigner des responsables boucs-émissaires et de s'acharner sur eux. Mais parfois une bonne petite phrase mettant en relief les incohérences et les travers de ceux à qui on s'adresse, quel que soit le domaine envisagé, peut avoir un réel effet bénéfique. Tant qu'on dit la vérité (ouais, je sais, c'est ça qui se discute), je ne vois pas où est le scandale. Mais les gens détestent qu'on leur fasse réaliser des trucs vrais à leur sujet. Surtout quand ce ne sont pas des choses valorisées par la société. Pourtant reconnaître qu'on déconne ou qu'on n'agit pas toujours pour le bien du voisin n'a jamais tué personne (sauf si c'est vraiment une grosse connerie et que ça te pousse à te suicider. Mais bon, après, chacun assume ou pas).
C'est valable pour les phénomènes de grande ampleur à l'échelle d'une société, mais c'est la même mécanique dans les relations privées. Ne pas vouloir entendre ce que quelqu'un peut avoir à nous reprocher, c'est pas très malin, ni très honnête. Je ne dis pas endosser la responsabilité de tout ce qui peut ne pas aller, mais au moins écouter. Ce qui doit permettre de se demander pourquoi et comment on a pu en arriver à être considéré comme potentiellement à l'origine du dérapage, de la crise ou de la détérioration des choses. Je suis franchement persuadé que la fuite en avant, en refusant toute implication dans ce qui a mené à la situation présente, est une erreur dont les conséquences futures (et plus graves encore que les difficultés du moment) vous reviendront dans la gueule tôt ou tard. Et ceux qui demandent à ce qu'on ne charge personne pour les trucs qui partent en couille invoquant une sorte "d'ordre des choses" ou la malchance, ou encore en adoptant une position victimaire face à un "complot global visant à faire porter le chapeau à des innocents qui n'ont le choix de rien", se font les complices ("quoi? complice?"... oui oui) de catastrophes à venir. Car sans reconnaissance de culpabilité et de responsabilité profonde on ne fait jamais rien pour améliorer ce qui ne va pas.
You can run but you can't hide.