La part de ce qui s'impose

Il est pour moi important que subsistent des faits, des situations ou des états qui ne s'expliquent pas. Bien que j'aime beaucoup essayer d'analyser ce qui m'entoure, il y a des domaines où je m'en remets à la force des choses. Non pas que j'abandonne face à une trop grande difficulté, mais parfois la meilleure des réactions est de reconnaître que certaines choses sont tout ce que l'on peut en dire. Je m'explique. Par exemple il me semble vain de vouloir expliquer l'art. La plupart du temps tout n'est qu'une question de sensibilité personnelle, et trop chercher à décortiquer une supposée mécanique créative fait perdre de vue la finalité de l'oeuvre (qui est en général de faire naître un sentiment). Certes des techniques sont mises en oeuvre lors de l'élaboration d'un objet artistique, mais celles ci ne sont a priori qu'au service d'une imagination humaine originale. C'est parce que j'ai du mal à parler d'art, et à trouver des trucs à dire, que mon blog musical s'est essoufflé au bout d'une dizaine de posts. Je n'ai pas perdu mon enthousiasme pour la musique, et les bons disques ne manquent pas, mais après avoir dit 10 fois que c'était génial et renversant, je ne voyais pas que dire d'autre. Par contre, en écoutant un très bonne chanson avec quelqu'un je fais beaucoup de commentaires du genre "écoutes! là!...ouaahhhh! ça flingue, oh putain...et là! Baaah!!!". Difficile de tenir un blog avec un vocabulaire de ce style sur une longue durée. L'autre jour à Beaubourg (oui, c'était gratuit) je me suis bien marré en lisant les petits textes qui accompagnaient les oeuvres. Autant un tableau ou une sculpture, on aime ou on n'aime pas, c'est comme ça. Par contre à la lecture de pseudo explications sans queue ni tête dans un langage volontairement obscur et abstrait on ne pouvait que rire. Et moi et mes amis de regretter qu'un tel snobisme débile baigne tant que cela le monde de la culture en général. Désormais je suis certain que rien de bon n'advient à vouloir rationaliser ses goûts artistiques, ou sa vie sentimentale d'ailleurs (je crois avoir une comportement assez semblable dans les 2 domaines, si on peut parler de "domaines"). Si on veut absolument donner des explications, on peut toujours penser trouver des éléments solides et déterminants. Mais ceux ci pourront très bien perdre toute leur force face à d'autres faits contradictoires tout aussi valables. Il n'y aura alors plus que le sentiment, presque l'intime conviction, pour départager les deux. Et c'est très bien ainsi. But damn, why do I like African-Americans so much?