It's mine

J'entretiens une drôle de relation avec certaines oeuvres et produits artistiques. Et je ne sais pas si d'autres ont le même sentiment. Voilà la situation: j'ai tendance à m'approprier intellectuellement les artistes, disques, films ou livres (...bon, c'est pour faire bien) que je suis le premier à découvrir dans mon entourage. Je considère que certains artistes restent mes artistes même une fois connus et appréciés par d'autres. Mais ça fonctionne aussi dans l'autre sens: j'associerai toujours une oeuvre que j'ai connu par l'intermédiaire de quelqu'un à cette même personne. Dans ma tête tel chanteur est celui de tel pote. Telle série est celle de tel autre. Surtout quand il s'agit de trucs qu'il a fallu aller chercher, pas si ça passe sur TF1. C'est une sorte de prime à la curiosité et à l'audace culturelle que je donne à ceux qui font la démarche de ne pas se contenter de ce qui est immédiatement accessible à tous. Et dans mon cas personnel c'est la même chose. J'estime que je contribue régulièrement à faire vivre la culture en allant chercher des trucs excellents, mais confidentiels (mais pas forcément élitiste dans la forme attention). Des fois par contre mon rôle de pionnier s'estompe devant le succès grandissant de l'artiste en question. Je pense par exemple à Rage Against The Machine il y a 15 ans ou Kanye West ces dernières années. J'étais fan de Kanye avant qu'il sorte son premier album (en raison de ses productions monstrueuses qu'on pouvait entendre sur de nombreux albums d'autres artistes quelques mois avant). Mais quand le type en question commence à vendre des millions, je l'aime toujours autant, mais c'est plus difficile de dire qu'on aide des petits artistes. Et cette super sensation qu'on éprouve au moment de la rencontre entre la créativité d'un individu (ou d'un groupe) et notre propre sensibilité n'est plus forcément là. Anyway, love what you like.