We need room for improvement

Je crois que le jour où je ne verrai plus aucun domaine dans lequel j'aurai une marge de progression importante je pourrai me faire du souci. Et le fait est que dans presque tout ce qui me tient à coeur actuellement j'ai le sentiment de devenir meilleur d'année en année. Ou si ce n'est meilleur du moins plus précis, incisif et percutant. Ce doit être l'expérience j'imagine. Je me demande donc ce qui se passe quand on commence à stagner. Je pense que le mieux est de passer à autre chose, et c'est probablement pour ça que par exemple j'ai très largement levé le pied en matière sportive. Après avoir fait des kilomètres à vélo, en rollers ou en marchant je ne vois pas trop ce que je pourrais faire de valable, et qui resterait un plaisir. Il faut bien reconnaître que le corps humain a ses limites. Ce qui n'est heureusement pas le cas de l'imagination et de la créativité artistique. A partir du moment où j'ai vraiment commencé à faire de la musique en 1999, et jusqu'en 2006, je n'ai cessé de dire que le meilleur était à venir et que chaque album était une étape vers quelque chose de plus accompli. Je dois dire par contre qu'après "The Underground Railroad" il n'est pas évident de viser plus haut. Du coup la suite doit s'inspirer de ce disque sans chercher pour autant à reproduire exactement la même oeuvre. Et au bout de plusieurs mois je commence à me faire une bonne idée de ce à quoi va ressembler le prochain album, mais l'évolution ne se fait maintenant plus forcément qualitativement mais plus d'un point de vue strictement créatif. Par ailleurs beaucoup de possibilités s'offrent à moi grâce à l'écriture, ce qui pour le coup est totalement nouveau et inattendu. Pourtant depuis cinq mois je redécouvre combien écrire noir sur blanc ce qui jusque là était en vrac dans ma tête me permet de construire un discours mieux articulé et plus cohérent. Sans compter qu'écrire me donne envie d'écrire; voilà bien une sorte de cercle vertueux. Et malgré tout, ce besoin de m'améliorer ne m'empêche pas d'apprécier mon état actuel, du moment que ce dernier implique une certaine vigueur intellectuelle. L'essentiel restant de toujours être en prise avec "ce qui compte" et de ne s'accorder des temps de roue libre que lors de moments qui par nature ne requièrent pas de prise de tête (genre manger, respirer ou travailler). Tout ça me fait dire que j'ai hâte de me connaître dans dix ans. Forever evolving.