La loi du chiffre
Dans l'ensemble des média, même les plus respectables, lorsque l'on aborde la question culturelle la qualité d'une oeuvre est très souvent mesurée à l'aune du succès rencontré par celle-ci. Les chiffres font très souvent office d'argument incontestable, une telle quantité d'individus ne pouvant finalement pas se tromper. Pourtant on connaît tous des films, des disques ou des livres qui marchent tout en étant des bouses certifiées. Et qu'on ne me dise pas que les goûts sont subjectifs car il existe vraiment des oeuvres intrinsèquement mauvaises (idées nases, réalisation pourrie, absence de créativité...). Mais certaines trouvent un public alors que des chefs-d'oeuvre passent totalement inaperçus. Cependant il faut dire qu'être un bon artiste est une chose, mais chercher à se faire connaître relève d'un tout autre domaine de compétence et d'investissement. Et il ne faut pas croire que tout le monde veuille devenir une star, le plaisir de créer pouvant être bien plus grand que celui d'être reconnu. Et au bout du compte internet ne change pas fondamentalement la donne dans ces cas là. Il y a peu de temps j'ai entendu à la radio un journaliste, ou un "responsable artistique" quelconque, dire "qu'à l'heure du multimédia qui est la notre il ne pouvait plus exister de talents restant méconnus". Déjà cette déclaration n'a aucun sens puisque la caractéristique d'un talent inconnu est justement qu'on ne le connaisse pas. Donc on ne sais pas si il existe ou pas. Et par ailleurs le public ne va que très rarement de lui même à la rencontre d'un nouvel artiste ou d'une nouvelle oeuvre. Dans la quasi totalité des cas il faut une démarche volontariste et très active de la part du dit artiste, et le cas échéant de la maison de disque, d'édition ou de production. Il n'y a donc pas de formule pour obtenir le succès. Alors heureusement il arrive que des génies explosent et parviennent à entraîner un énorme intérêt envers leur personne et leur création (Tarantino, Kanye West). Mais combien de produits dit culturels monopolisent l'espace médiatique en faisant croire qu'ils sont là parce qu'ils sont meilleurs que tous les autres qui restent sur les étagères? Soyez curieux.