L'excuse bidon

Le concept de "la crise" a tellement perverti les esprits de certains (nombreux) qu'un collègue facteur qui allait proposer un calendrier à une cliente s'est vu opposer un refus catégorique au motif que "c'est la crise" (sa retraite n'augmente pas etc). Mais vraiment n'importe quoi. Alors qu'il aurait été aussi simple -et surtout plus honnête- de dire "non merci, ça ne m'intéresse pas" ou même "tu me fais chier avec ton calendrier". Mais please, pas la crise, that's enough!

Et c'est en train de devenir l'excuse pour tout, croyez moi. Déjà, on a bien sûr la menace du vote FN: "désolé les noirs et les arabes, mais c'est la crise: on a envie de vous mettre sur la gueule. On sait pas pourquoi".
Mais ça ne s'arrête pas là! J'ai eu vent de différents cas de figures plus scandaleux les uns que les autres. Par exemple, désormais en boîte de nuit les filles ne repoussent pas les mecs bourrés un peu trop collants par un simple "dégage connard" mais par des formules plus alambiquées du genre "tu sais, c'est la crise... j'ai déjà tout donné avec ton copain".
Dans les écoles, les élèves invoquent la crise pour ne plus apprendre à écrire et à respecter la ponctuation, affirmant que dans la conjoncture actuelle, ajouter des points et des virgules à tout ça s'apparenterait à une nouvelle taxation totalement injuste et pénalisante face à la concurrence chinoise.
Et il se dit même que des dirigeants politiques négligent de prendre véritablement en compte la question écologique (et donc, à terme, la survie de l'espèce humaine... leurs enfants, petits-enfants, tout ça) au prétexte -souvent non avoué- que cela n'est pas suffisamment porteur de croissance. Or, comme c'est la crise, tout ce qui compte c'est la croissance. Mais là, j'ai quand même du mal à le croire, ça me semble un peu trop énorme.

Bref, on n'est pas dans la merde! Nous voilà entourés de pétasses racistes, illettrées, ne connaissant pas les horaires de marées, n'ayant aucune considération pour la nature et qui en plus refusent de nous sucer. Putain, c'est la crise, indeed.