c'est à babord, qu'on chante, qu'on chante...

C'est étonnant comment lorsqu'une personne choisit d'agir avec pragmatisme, réflection et pondération elle passe souvent pour quelqu'un de lisse qui se laisse marcher sur les pieds. Au yeux de beaucoup il faut se plaindre et râler sans arrêt vis à vis de son patron, de son boulot, du temps, des prix pour être quelqu'un d'intéressant qui sait se faire respecter. Ne pas hurler au scandale à la moindre nouveauté reviendrait pour eux à approuver et consentir sans se rendre compte du mal qui nous serait fait. D'une certaine manière être un casse-couille est valorisé plus que d'être lucide sur les soi-disant maux atroces qui nous accablent de janvier à décembre. Pour ma part j'ai décidé de laisser de côté les désagréments de tous les jours dont je pourrais être "victime" pour me pencher sur des problèmes plus globaux. Et surtout j'ai pour règle d'or de bien peser mes paroles. Lors des grèves dans les transports en commun à l'automne dernier l'utilisation à outrance du terme "otage" par les usagés à fini par être insupportable alors même qu'en Colombie et ailleurs de vrais otages croupissent depuis des années. Je comprend les difficultés rencontrées par beaucoup durant cette période mais le déchaînement de haine de la part de quelques uns envers les grévistes m'a dégoûté. Et pourtant je suis pour la fin de pas mal de régimes spéciaux. Mais dans notre pays c'est encore celui qui fait le plus de bruit et qui crie le plus fort (si possible avant d'avoir mal) qui a le plus de chance d'emporter la décision. Ou en tout cas qui arrive à se convaincre, et à convaincre quelques autres, que sa cause est juste. Il est très intéressant de constater d'ailleurs que lors des conflits sociaux le fait de "défendre son beefsteak" fait partie des arguments qui peuvent apporter l'adhésion de l'opinion publique. Je ne dis bien sûr pas qu'il ne faut pas faire grève et protéger son avenir, mais je constate juste que les gens se bougent le cul lorsqu'ils sentent qu'ils sont eux-mêmes en danger. Par contre on trouve beaucoup moins de monde pour dénoncer les abus et les injustices qui touchent les plus démunis et ceux qui justement n'ont même pas la capacité de se faire entendre. Chacun son petit combat, que voulez vous qu'on puissent changer à l'élection présidentielle en Russie? See Bigger.