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La Planche Qui Grince
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31 octobre 2018

Story of a success

Il est très rare d'entendre ou de lire des gens évoquer un épisode de leur vie lors duquel ils avaient le sentiment d'être inarrêtables, d'être on fire. D'être totalement maîtres de leur sujet et d'enchainer les prestations de haut vol. Et si on sait bien que ça arrive régulièrement à certains sportifs, il faut se dire que ça peut arriver aussi à toute personne atteignant -et maintenant pendant un moment- un niveau d'excellence ultime dans n'importe quel domaine. On peut être on fire en cuisine (et se passer le batteur électrique derrière le dos avant d'enchainer avec une mayonnaise parfaite), en distribution de courrier (et se passer les lettres derrière le dos tout en conduisant avec les genoux et en échappant aux chiens), en chirurgie (et se passer le bistouri derrière le dos avant une incision à 2 mm de la carotide). Sans rire. Mais personne n'en parle jamais. C'est étonnant.

Moi, j'ai au cours de ma vie au moins une (relativement longue) période clairement identifiée où j'ai été on fire. De mi-2005 à fin 2006. En musique. Lors de cette année et demi, en matière d'instru je ne faisais que des boucheries. C'était ouf. Je repérais les samples en deux secondes, j'en faisais un son qui bute aussitôt. Et ça n'arrêtait pas. Précision importante: j'avais bien le sentiment d'être on fire. Je savais qu'il se passait quelque chose de spécial. J'avais l'envie, la concentration, l'enthousiasme, le goût, la technique. Et tout était aligné. C'est à ce moment là qu'on a fait "The Underground Railroad" avec Le Dissident (a.k.a. David Guegan). Et de fait, l'album est exceptionnel.
Ce qu'il est intéressant de noter c'est qu'en plus lorsque tu es on fire dans un domaine, en général ça a une influence sur ta façon d'être dans les autres compartiments de ta vie. Tu marches dans la rue différemment (du moins, dans ta tête). Tu interagis avec les autres différemment. J'ai ouï dire que certains en profitaient même pour se taper des filles.

Depuis cette époque là, j'ai eu de nouveau de temps à autres le sentiment de vivre ce genre d'épisode sur des périodes plus courtes (de l'ordre du mois, maximum). Mais moins avec la musique (bien qu'on ait fait de très bons trucs) qu'avec les blagues/réflexions que j'écris. Cependant, c'est tout de même différent. Car j'ai énormément de mal à me passer ma bite derrière le dos avant d'enchainer sur une fulgurance métaphysique.

Bref, moi j'aimerais bien entendre des gens raconter des trucs comme ça. Je trouve que c'est une expérience humaine particulièrement forte, et potentiellement fondatrice. Ah pour raconter les drames et les souffrances il y a du monde hein! Mais pour les trucs cool et joyeux, il n'y a plus personne.

story of a successEt même quand ça démarre bien -The Wolf Of Wall Street- (pas de jugement: le mec était on fire dans son domaine), il faut que ça parte en couille.

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