Radical

Si repérer un jeune en voie de radicalisation islamiste est finalement chose plutôt aisée en raison de signaux clairement identifiables et ne pouvant être confondus avec autre chose (en croisant les facteurs charcuterie, attitude envers les femmes et attrait pour la décapitation, il y a peu de chance de se tromper), les autorités maintenant s'inquiétent en revanche de la difficulté grandissante qu'il y a à identifier les individus en voie de radicalisation LPQG. C'est le bordel, ça part dans tous les sens.

L'autre jour par exemple, en chopant -à grand renfort de groupes tactiques d'intervention- un mec tout nu dans la rue, ils pensaient être tombés sur un "fidèle" candidat à la guerre libertaire. Mais après interrogatoire, il s'est avéré que l'individu n'était qu'un simple et inoffensif exhibitionniste venu prendre son goûter devant une école à l'heure de la sortie. Embarras dans le service... Le mec a été libéré, avec des excuses écrites, un slip, et une indemnisation financière.

Même chose quelques semaines plus tôt lorsqu'ils sont tombés sur un type qui distribuait des tractes où on pouvait lire "L'Islam, cette religion de pet". Islamophobie, intolérance pensent-ils aussitôt (tout en contactant Edwy Plenel -encore lui- et les élèves d'une classe de seconde de banlieue parisienne)! Mais après deux petites minutes d'interrogatoire il est apparu clairement 1/ que le type n'était aucunement intolérant envers le moindre individu, et 2/ que sa lecture du fait religieux était absolument exacte et rendait impossible la moindre réserve et contradiction. Du coût, puisque c'était l'heure de l'apéro, ils ont sorti le Comté et le whisky, et ont demandé au mec de leur en dire un peu plus sur la réalité de Dieu et la nature du libre-arbitre. Tout le monde était conquis. Depuis, tout ce petit monde est ami sur Facebook.

J'ai également eu vent d'un incident où un barbu a été arrêté à la sortie d'un magasin de bricolage. Les enquêteurs pensaient qu'il se faisait passer pour un bricoleur, et en profitait pour acheter du matériel en vue de commettre un attentat. Mais rien de tout ça. Le mec se faisait effectivement passer pour un bricoleur, mais avait juste acheté une massette pour en faire un objet de décoration. Les enquêteurs n'ont rien compris, mais n'avaient légalement pas de quoi l'incarcerer.

Enfin, au début du mois, trouvant plus que suspect un type à moitié chauve sur un skate, un commando mobile l'a appréhendé de façon musclée en le faisant chuter. Après avoir retrouvé ses esprits, le suspect n'a eu qu'une phrase à prononcer pour sa défense: "mais... je suis François". Confus, le commando l'a aussitôt conduit aux urgences (suite à la chute). Résultat: un bras cassé, et un mois d'arrêt de travail. Bravo la sûreté de l'Etat.

A ce jour les autorités n'ont donc pas encore inculpé qui que ce soit issu de la mouvance grinçante, et en haut lieu on ne cache plus sa frustration (teinté d'une certaine nostalgie de la belle époque de J. Hedgar Hoover).